« Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire,
avant de le faire, avant d’écrire,
on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. »
Marguerite Duras
Les pierres du chemin
Je me souviens d’un été passé dans le Finistère, au bout du monde, là où les étoiles tombent dans la mer, comme des diamants oubliés.
J’y ai croisé un vieil homme à la peau d’ourse, rude et tendre à la fois, qui répétait sans cesse : « La vie n’est jamais comme on l’imagine, et tant mieux. » Il croyait en un avenir radieux, même quand tout semblait s’effondrer autour de lui. Sa force résidait dans les rencontres, celles qui comptent entre toutes, celles qui transforment un instant banal en souvenir éternel.
Un soir, il m’invita à participer au concours de pêche du village. J’y ai vu des rires, des disputes, des enfants courir, des nourrices chanter pour calmer les plus petits.
En rentrant, j’aperçus un chien au milieu du chemin, immobile, comme une énigme posée par le destin. Et soudain, j’ai pensé à ces quatre jours sans ma mère, que j’avais traversés : le vide, la douleur, mais aussi la découverte de ma propre voix.
Slyson
Douceur d’enfance
Un soleil comme nulle part ailleurs borde ma région bretonne, le Finistère. Cette pointe, où les étoiles tombent et brillent, prédit la plus belle des journées des vacances d’été. Et tant mieux, puisque le concours de pêche n’a lieu qu’une fois par an.
Je dévalai quatre à quatre les grandes marches qui armaient la magnifique maison aux volets bleus, celle de ma tendre enfance.
« Une peau d’ourse » disait mémé disait pour évoquer la douceur de son tendre et cher mari. Je compris mieux l’expression décernée, tant était brusque sa manière de me prendre la main pour rejoindre le fameux flanc de falaise.
En contrebas, mémé fut retardée par un chien au milieu du chemin, attiré par l’odeur qui se dégageait de son panier.
Cette meilleure des nourrices me fit déguster la douceur qu’elle avait confectionnée avec amour : la typique crêpe au beurre salé. Ni une ni deux, le manque maternel qui me créait du chagrin, se transforma par cette magie culinaire, digne d’un câlin. Je le méritais ce goûter : quatre jours sans ma mère, ce n’étais pas à prendre à la légère.
Maëlys
Seule
Seule. Seule, sans elle, tant mieux.
Seule, sans elle, annonce un ennemi radieux.
Seule, sans elle, au Finistère, là où les étoiles tombent et les oiseaux chantent le matin.
Seule, sans elle entre toutes, ces gens n’ont pas la gentillesse de ma nourrice.
Seule, sans elle, tant mieux.
Seule, sans elle, sans son manteau en peau d’ourse préféré.
Seule, sans elle, en Finistère, je croise un chien au milieu du chemin. Elle marche avec son chiot.
Seule, sans elle, tant mieux.
Quatre jours sans ma mère.
Soumia
Un rêve ou la réalité ?
À mes dix-huit ans, j’ai quitté le Finistère. C’était il y a maintenant deux ans. J’avais un avenir radieux devant moi. Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai voulu partir, prendre mon envol, et réussir enfin à survivre au moins quatre jours sans ma mère, elle qui s’est toujours occupée de moi étant donné qu’on n’a vécu qu’à deux. Mais il y a surtout le fait que j’ai dû quitter ma ville, là où j’ai grandi avec mes amis notamment. Ne plus aller à notre endroit, là où les étoiles tombent la nuit, me manquait à chaque instant.
J’ai quitté ma ville natale pour la banlieue parisienne, et c’est tant mieux. Je dirais que ma première nuit à Paris a été magique. Laissez-moi vous expliquer. Je suis arrivée à Paris à 18h. J’ai mangé et suis partie faire une balade qui s’est avérée étrange. J’ai rencontré un chien au milieu du chemin qui était caché entre toutes les poubelles. J’ai été interrompue par le bruit de personnes qui faisaient un concours de pêche dans la Seine. Enfin bref, le chien me paraissait bizarre, donc je l’ai suivi. Et il s’avère qu’il avait comme fourrure une peau d’ourse. Il s’est magiquement transformé en ourse et m’a proposé de garder ses chiots, donc d’être sa nourrice.
Et d’un coup, je me suis réveillée en sursaut, et me suis rendue compte que j’étais toujours au Finistère, dans ma chambre et avec ma mère. Ce n’était donc qu’un rêve qui se réalisera peut-être, un jour, qui sait.
Jahia
Le chemin
Parfois, je vois le ciel briller, je me demande où les étoiles tombent. Cela peut signifier un signe, un message, ou peut-être un avenir radieux. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde qui ne cesse de grandir. Entre tous les chemins qui nous sont offerts, cela peut quand même créer un embouteillage. Mais la finalité est que nous avons tous une destinée qui nous est réservée. Certains se diraient tant mieux, tandis que d’autres plongeraient dans un doute au point que leur chair se transformerait en peau d’ourse.
Mais cela est connu, et revient souvent, c’est que quoi qu’il arrive, notre route ne doit en aucun cas cesser d’être droite, tel un chien au milieu du chemin. Il existe des enfants dans ce monde laissés à l’abandon, sans direction, alors que pour moi, passer plus de quatre jours sans ma mère me semblerait impossible. Mais pour certains, maman ne pouvait pas être souvent là, bien qu’une nourrice puisse servir de remplaçante, elle ne peut pas remplacer l’original. Mais ainsi va la vie, et ses mystères, aussi hasardeux qu’un concours de pêche. Mais où allons-nous ? Où finir ? Ici ? Là-bas ? Là haut ? En bas ? Je ne sais pas. Peut-être exilé dans un finistère ? C’est la vie qui décidera.
Gavens
